[Examen 2022] : les fuites de sujets contrées lors du DEF
Du 27 au 29 Juin 2022 s’est déroulé l’examen du DEF (Diplôme d’Etudes Fondamentales) sur toute l’étendue du territoire national. Cette année l’examen du DEF était placé sous le signe de la lutte contre la corruption et la fuite des sujets tant aux niveaux des autorités gouvernementales que des syndicats de l’éducation. Après l’examen, il y a eu une lueur d’espoir sur la moralisation des examens au Mali.
Depuis bientôt cinq ans l’organisation des examens au Mali était confrontée à la fuite des sujets qui étaient disponibles 4 voire 3 jours avant la date des examens. C’était comme une malédiction à laquelle chaque année on assistait impuissant et notre système éducatif s’enfonçait par la même occasion. Toutes choses qui chaque année permettait à de nombreux élèves d’être admis au secondaire (lycées et écoles techniques et professionnelles) car le DEF en poche.
Un constat amer
Il est fréquent à chaque veille de rentrée au niveau des lycées de constater que beaucoup de nouveaux admis au DEF redoublent la classe faute de 10 (dix) de moyenne qui permet le passage pour la classe supérieure. D’autres sont exclus car ayant obtenu une moyenne de renvoi.
«La plupart des nouveaux élèves que nous recevons au lycée ne savent même pas faire une bonne phrase en français. Alors que l’on sait que c’est le minimum pour quelqu’un qui se dit détenteur du DEF. Ces quatre dernières années nous avons rencontré beaucoup de difficultés dues à cet état de fait. La raison elle est connue de tous, la fuite des sujets. Souvent je m’étonne même de voir qu’un candidat au DEF échoue alors qu’il a eu accès aux sujets trois jours à l’avance», témoigne M. Coulibaly Professeur au lycée.
Quant aux parents, lorsqu’on leur demande, ils répliquent que la faute revient à ceux qui sont censés empêcher ces fuites. Pour Aly Touré, parent d’élèves ce n’est ni la faute des élèves ni des enseignants. «Les sujets sont choisis au niveau du ministère, ni les élèves ni les enseignants ne sont présents là-bas. On envoie ces sujets sur les réseaux sociaux, c’est là ou les élèves rentrent en contact avec ça. L’État à intérêt à reprendre l’examen du DEF en main car c’est le premier examen auquel nos enfants sont confrontés dans la vie après la suppression du CEP.»
Les nouveautés pour un examen crédible
Cette année le gouvernement a montré à travers diverses communications son intention d’organiser des examens crédibles. Lors d’un point de presse la ministre de l’éducation Mme Sidibé Dédéou Ousmane a fustigé les «3F»(Fuites, Fraudes et Faux). «Notre souhait c’est d’endiguer le phénomène des 3F. Souvent on rencontre des faux sujets sur les réseaux sociaux, parfois ce sont les vrais sujets qui fuites due aux autorités en charge des examens. L’année dernière certains de nos collaborateurs ont été emprisonnés pour de telles pratiques qui en plus d’être mauvais n’aident en aucune manière les enfants.»
Pour mener à bien cette mission de la plus haute importance les ministres du gouvernement ont été dépêchés de Kayes à Kidal pour assister à l’ouverture symbolique du premier sujet de l’examen du DEF. C’était l’occasion pour eux d’échanger avec les candidats et les acteurs de l’education dans les différentes localités.
Le gouvernement est allé plus loin en sécurisant les sujets d’examen, ainsi chaque sujet d’examen porte le nom du centre d’examen, en haut à gauche en bas du sigle MEN-CNECE et au bas de la feuille à droite une code barre, qui une fois scanné donne l’académie à laquelle est rattaché le centre.
A noter que les syndicats d’enseignants ont aussi exhortés leurs membres à plus de professionnalisme et civisme et surtout à faire ce pourquoi ils sont dans les centres : surveiller.
La fuite n’a pas eu lieu
Malgré les spots et intervention du ministère, les élèves et parents d’élèves restèrent sceptiques quant à la volonté et surtout la capacité du gouvernement à pouvoir empêcher la fuite des sujets qui est devenue quasiment une routine.
Les candidats étaient confiants qu’à la fuite cette année aussi et ils sont restés scotchés sur leurs téléphones durant les trois derniers jours avant et surtout la veille du DEF. Mariam M’Baye candidate au DEF témoigne : «J’ai veillé jusqu’à 4 heures du matin car selon les rumeurs les sujets devaient fuiter à partir de 2 heures 30 pour éviter que le gouvernent ne puissent changer les sujets s’ils fuitent trop tôt. Il y avait un vocal qui circulait dans lequel il était précisé l’heure de fuite de chaque sujet. J’avoue avoir été déçue, car on a rien reçu. La fuite n’a pas eu lieu. On a pu compter que sur nous-mêmes.»
«J’avoue avoir été étonnée et surprise que les sujets n’ont pas fuité cette année. Le gouvernement commence à prendre l’examen du DEF au sérieux. Je félicite les autorités pour cette action. Enfin nos enfants vont prendre leurs examens au sérieux. Je suis très heureuse et les exhorter à plus de persévérance pour les examens à venir», témoigne Fatoumata Sidibé, mère d’une candidate
Malgré toute les mises en gardes, certaines personnes ont tenté de saboter les efforts des uns et des autres. Certaines ont été appréhendées par les autorités et les dossiers sont dans les mains de la justice.
Moussa Ahmar MAIGA
Cet article est publié dans le cadre de la campagne digitale de l’association Jeunesse émergente du Mali. Le nom de la campagne est: #ExamensSansCorruptionAMopti