
Sahel : Amnesty International tire la sonnette d’alarme sur l’utilisation des enfants dans les conflits
L’ONG, Amnesty International a rendu public, ce 13 septembre, un rapport sur l’utilisation des enfants dans les conflits au Sahel. Il dresse un tableau sombre des conséquences du conflit sur les enfants.
Si l’intervention militaire de la France en 2013 au Mali a permis de stopper la descente des groupes extrémistes vers les villes du sud du pays, elle a aussi facilité le « dispatching » des groupes extrémistes dans les pays limitrophes (Niger et Burkina-Faso). Le confit et ses conséquences sont ainsi devenus sous-régionale.
Ce rapport de 64 pages, intitulé « Je n’ai plus rien, à part moi-même. » d’Amnesty International est le résultat d’entretien avec « 119 personnes, dont 22 enfants, trois jeunes adultes de 18 à 20 ans, ainsi que 36 parents ou autres personnes touchées par le conflit »
Des enfants soldats
L’étude met en évidence l’utilisation massive des enfants par des groupes extrémistes violents dans les conflits au Sahel, notamment par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans le «GSIM », dans la zone des trois frontières. « Ce groupe armé cible les jeunes hommes et les garçons de 15 à 17 ans, voire plus jeunes », peut-on lire dans le document. Les enfants recrutés bénéficient d’un entrainement aux maniements des armes et sont utilisés « comme espions, éclaireurs et guetteurs ». Et pour attirer les enfants dans leurs filets, les groupes terroristes leur proposent de la « la nourriture, de l’argent ou des vêtements ».
Des conséquences à long terme
Les groupes djihadistes évoluant au Sahel s’opposent à l’éducation formelle, qu’ils qualifient d’ « occidentale ». Ainsi en plus d’utiliser les enfants dans les conflits, ils ferment les écoles et poussent les enseignants à quitter les lieux. « En juin 2021, au moins 377 écoles de la région de Tillabéri « au Niger » avaient fermé, privant plus de 31 000 enfants d’accès à l’éducation. » rapporte le présent rapport.
En octobre 2019, dans une vidéo de propagande diffusée après l’attaque d’un camp de l’armée malienne à Boulekessi, des jeunes garçons y étaient visibles. Plus récent, en juin 2021, après l’attaque de Solhan, les autorités burkinabés avaient déclaré que la plupart des assaillants étaient des adolescents. Deux attaques qui avaient été revendiquées par le GSIM, groupe pointé du doigt par ce rapport d’Amnesty International.
À l’heure où le Sahel est en phase de devenir un nouveau lieu d’affrontements militaire entre les grandes puissances du monde. Ce qui témoin, preuve, si besoin était de l’entêtement des autorités des pays concernés à tout miser sur le militaire malgré les alertes incessantes des groupes de réflexions sur l’échec de cette approche.
Ce rapport d’Amnesty vient rallonger la liste des conséquences d’un conflit sous régional devenue désormais incontrôlable.
Aliou DIALLO