
Minusma : retrait précipité à Kidal
La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) a quitté définitivement le camp qu’elle occupait à Kidal, ce 31 octobre 2023. Ce départ précipité suscite beaucoup d’inquiétude.
La Minusma a décidé de se retirer définitivement de son camp de la ville de Kidal. Initialement prévu à la mi-novembre, la Minusma a décidé de précipiter son départ à cause de la tension entre certains mouvements signataires de l’Accord de la paix issue du processus d’Alger et le gouvernement malien.
Dans un communiqué en date du 31 octobre 2023, que notre rédaction a pu consulter, la mission onusienne explique les conditions dans lesquelles ce retrait a été effectué. « Les conditions de départ de toutes ces bases ont été extrêmement difficiles et éprouvantes pour de nombreuses raisons, toutes complètement indépendantes de la volonté de la Mission, y compris la détérioration de la situation sécuritaire et les menaces multiples qui en découlaient pour les Casques bleus », explique-t-elle.
Absence de coordination
Ce départ précipité est diversement apprécié par les Maliens. La Direction de l’information et des relations publiques des armées (Dirpa) a, quant à elle, dénoncé un retrait non coordonné, car le camp n’a pas fait l’objet de rétrocession aux forces armées maliennes comme prévu dans le calendrier de retrait négocié entre la mission et les autorités maliennes.
Pour certains Maliens ce retrait précité de la mission onusienne de la « ville stratégique » de Kidal est une preuve du double jeu de la Minusma. La mission est soupçonnée d’être en complicité avec des groupes armés réunis au sein du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD) qui ont déclenché les hostilités depuis la reprise de l’emprise de la Minusma à Ber -Tombouctou- au mois d’août dernier par l’Armée malienne. D’autres pensent que la mission n’a fait que respecter le souhait des autorités maliennes.
6 000 membres déjà partis du Mali
« C’est juste une manière pour mettre le processus en doute, sinon c’est très clair, cela doit se faire en coordination avec l’État malien. Mais pourquoi partir sans la présence de l’État. Dire que la sécurité du personnel est menacée est un argument caduc, ils s’étaient présents depuis 2013, mais ils n’ont jamais révélé à l’opinion que leurs personnels ne se sentent pas en sécurité vis-à-vis de leur position, c’est quand l’État a demandé leur départ qu’on nous parle de menace de leurs personnels », répond Moussa Bengaly, un journaliste, à la question de ce qu’il pense du retrait précipité de la Minusma à Kidal.
De son côté, Brahima Cissé, pense « qu’ils ont bien fait. Il faut savoir quitter la table quand le respect n’est plus servi ».
À noter que le Conseil de Sécurité de l’ONU a accepté la demande des autorités maliennes du départ sans délai de la Minusma en adoptant la résolution 2690. En application de cette résolution, depuis le mois de juillet, la Minusma a retiré du Mali près de 6 000 membres de son personnel civil et en uniforme.
YACOUBA DRAMÉ