
Les régions du Centre : l’opération «kélètigui» dans le viseur du rapport de la Minusma
La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) a présenté son rapport trimestriel sur la situation des droits de l’Homme au Mali, le lundi 30 mai 2022. Les régions du Centre viennent en première position dans la violence contre les civils.
Un rapport explosif pour certains, un rapport tendancieux pour d’autres, la note trimestrielle rendue public détaille la tuerie des civils par les groupes djihadistes, les groupes armés, les milices et les militaires maliens.
« La présente note trimestrielle fait état de la situation générale des droits de l’Homme au Mali telle qu’observée par la Minusma à Bamako, Gao, Kidal, Ménaka, Mopti et Tombouctou ainsi que dans les régions du sud notamment, Kayes, Koutiala et Sikasso, du 1er janvier au 31 mars 2022», annonce la Minusma dans l’introduction de son rapport.
449 incidents sécuritaires
Après une brève explication du contexte, le rapport donne des chiffres alarmants sur la situation de la violation des droits de l’homme par les acteurs impliqués dans le conflit. Du début de l’année au 31 mars 2022, la Minusma a pu documenter « 449 incidents sécuritaires notamment dans les régions du centre (233 incidents, y compris 74 incidents pour la région de Ségou), Gao (86), Tombouctou (69) et Ménaka (37)».
Ces incidents sécuritaires ont eu des coups sévères sur la vie des civils. Ils sont au nombre de 812 civils soit tués (543), soit enlevés ou disparus (107), ou encore blessés (107) et même illégalement détenus (55). Dans cette situation, ce sont les régions du Centre qui viennent en première position dans la violence contre les civils.
Incertitudes au Centre
En effet, dans le rapport, les opérations militaires en cours dans cette partie de notre pays sont montrés du doigt. Malgré la reconnaissance d’une amélioration dans certaines zones dans la note, elle déplore des incidents sécuritaires. « De nombreux incidents sécuritaires y ont ainsi été documentés, notamment dans les cercles de Bankass, Djenné, Koro et Niono. Au cours de la période en revue, au moins 234 civils ont été tués, 63 enlevés ou disparus et 82 blessés dans cette partie du territoire».
Dans sa globalité, la Minusma donne également les tendances par les auteurs de ces violences contre les civils. Mais, il est très difficile de savoir exactement dans quelle proportion, l’ armée malienne, les djihadistes et les milices sont responsables dans le cas spécifique des 234 civils des régions du Centre.
L’opération «kélètigu»i qui opère au centre du pays est accusée d’avoir commis des exactions, ce que le gouvernement du Mali nie à travers son mémorandum en réponse à la note verbale de la Minusma en date du 16 mai 2022.
« Le Gouvernement de la République du Mali réfute les allégations de violation et d’atteintes aux droits de l’homme et au droit international humanitaire attribuées aux Forces de défense et de sécurité maliennes. Ces allégations sont très souvent tendancieuses, non recoupées, rapportées selon des témoignages non contradictoires, ne s’appuyant sur aucune preuve tangible».
Yacouba DRAME