
«La montée en puissance de l’armée» face aux interrogations des journalistes locaux
Moura, Hombori, Djenné, l’opération Maliko, Minusma, la DIRPA a abordé toutes les questions autour de la montée en puissance de l’armée avec les hommes de médias de la région de Mopti.
La salle de conférence du gouvernorat de Mopti a servi de cadre pour la traditionnelle conférence de presse mensuelle de la Direction de l’Information et des Relations Publiques des Armées (DIRPA). Pour une première depuis le début de la crise, cette conférence de presse a été délocalisée à Mopti.
Le colonel Souleymane Dembélé de la DIRPA, le commandant du théâtre centre de l’opération Maliko, le colonel Mamadou Massaoulé Samaké et le conseiller à la sécurité et à la protection civile du gouverneur de la région de Mopti répondaient aux questions des nombreux journalistes qui avaient fait le déplacement ce vendredi 20 mai 2022.
Le retour de l’Administration
Après une large présentation de la situation de l’Armée, la dynamique offensive, l’acquisition des nouveaux matériels et les résultats engrangés sur le terrain par le directeur de la DIRPA, les journalistes ont pu poser des questions sur les opérations en cours.
La posture offensive de l’armée est une réalité sur le terrain, mais beaucoup d’interrogations existent sur le déroulement de ces opérations militaires en terme de respect des droits de l’homme. Certains s’interrogent sur le dispositif d’après reconquête, car le retour de l’administration peine à suivre le rythme de l’offensive des Famas.
« La sécurité est un tout. L’ensemble des ministres doivent jouer un rôle dans la sécurisation. Après la reconquête, il faut forcément la présence de l’administration. Après la libération de Farabougou, on arrive toujours pas refaire le pont détruit. Cela pose énormément de problèmes s’il faut chaque fois transporter des vivres en hélicoptère alors qu’il suffit juste de reconstruire le pont», admet le colonel Mamadou Massaoulé Samaké.
Besoin de renseignements
Sur les opérations en cours à Djenné ou encore sur le plateau dogon, le colonel Samaké déplore la timide collaboration des populations en terme de dénonciation des djihadistes.
« L’adversaire est confondu à la population, nous ne les connaissons pas et après les forfaits, ils viennent se mélanger à la population. Ce dont l’armée a besoin, c’est d’avoir des personnes qui peuvent dénoncer ces gens là pour qu’elle puisse faire convenable son travail d’investigation et de recherches des ennemis. Mais, nous déplorons souvent ces attitudes de non dénonciation, car sans l’aide des populations nous ne pouvons pas gagner».
Il est aussi revenu sur la collaboration des Famas avec les casques bleus de l’ONU et surtout sur le refus d’accès à Moura à la division des droits de l’homme de Minusma au mois d’avril dernier. Le colonel Samaké assume clairement sa décision de refuser l’accès à Moura aux enquêteurs de l’ONU.
« J’ai dit aux responsables de la Minusma qu’ils étaient là pour nous aider à sécuriser la population. Mais au lieu de cela, ils essayent de savoir après nos opérations militaires s’il y a eu violation des droits, mais sans véritablement penser aux populations. Lorsque des responsables sont venus me voir sur la situation à Moura, je les ai demandé s’ils sont réellement avec nous ou contre nous».
Yacouba DRAME