
Sevaré : la fête de Ramadan endeuillée par une attaque djihadiste
Ce samedi 22 avril 2023, la ville de Sevaré a été la cible d’une attaque complexe et coordonnée des djihadistes. Le bilan annoncé par le gouvernement fait état de 10 civils tués et 28 terroristes neutralisés.
Vers 5 heures 30 minutes, un réveil brutal des populations se demandant ce qui se passe dans leur concession. « J’avais le sentiment que le toit de ma maison s’effondrait », témoigne un habitant de Mopti. « Je ne comprenais pas ce qui se passait réellement. Donc j’ai décidé de mettre ma famille à l’abri dans la chambre en attendant d’y voir clair », explique, un autre Amadou Touré, habitant de Sevaré.
En effet, ce samedi matin, deuxième jour de la fête de Ramadan, des détonations et des tirs à l’arme lourde ont réveillé les populations de Sevaré.
À 10 heures, les populations qui étaient terrées chez elles ont commencé à sortir lorsque la situation est devenue calme.
« Nous sommes les premières personnes à venir sur le terrain lorsqu’on a été alerté. Nous avons informé les autorités militaires et la protection civile par rapport à l’écroulement de certains habitations », témoigne Amadou Djiguiba.
Des maisons effondrées
À Sarema, un quartier périphérique de Sevaré, une voiture remplie d’explosifs a sauté au bord de la route principale à la sortie de la ville en allant vers Bandiagara. Sur les lieux de l’explosion, on peut voir un grand cratère et des maisons qui se sont écoulées, soufflées par l’explosion. Aussi, non loin de là, le camp des déplacés internes a subi le même triste sort avec les tentes qui n’ont pas résisté.
« Comme vous pouvez constater vous-même, rien n’a résisté. Ma chambre à coucher et une grande partie de la maison sont tombées. C’est très triste », montre du doigt Seydou Traoré un enseignant à la retraite.

Manque de sang
Pour se faire une idée de la situation, les autorités politiques et administratives ont visité les lieux de l’attaque et ont rendu visite aux blessés à l’hôpital régional Somine Dolo.
Avec l’afflux des victimes à l’hôpital, la situation est devenue critique avec la prise en charge des blessés. Le chef du laboratoire de l’hôpital, Modibo Coulibaly, a lancé un appel aux dons de sang.
Les victimes étaient nombreuses, certaines étaient couchées à même le sol à cause de manque de lit.

Beaucoup de bonne volonté se sont mobilisés pour apporter de l’aide aux victimes. Les jeunes se sont mobilisés pour faire les dons de sang. Les organisations humanitaires ont beaucoup contribué pour que l’hôpital puisse faire face à la situation.
Selon Hassane Goro, un jeune activiste, très connu à Sevaré, l’hôpital a pu faire le plein de poches de sang après les appels aux dons de sang. Il était parmi les dix premiers donneurs.
Un bilan lourd
« Une fois à l’hôpital, on a remarqué que les victimes ont besoin de sang. En tant que leader communautaire, nous avons fait des dons de sang. J’ai aussi appelé des proches au téléphone à venir faire des dons de sang. Finalement, l’élan de solidarité a pris de l’ampleur. Des jeunes des quartiers lointains ont répondu à l’appel. Certains disent qu’ils ont appris sur les réseaux sociaux le besoin de sang à l’hôpital. Environ 185 poches de sang ont été récoltés par l’hôpital ».
Si le bilan est lourd du côté de la population civile avec notamment 10 morts et une soixantaine de blessés, dans un communiqué le gouvernement annonce aussi la neutralisation de 28 djihadistes lors de l’attaque de Sevaré.
« L’objectif de l’attaque était d’infiltré l’aéroport afin d’atteindre les vecteurs aériens », explique le chef d’état-major général des armées, le général Oumar Diarra au micro de nos confrères de l’Ortm.
Une délégation ministérielle, venue de Bamako le deuxième jour de l’attaque, a rendu visite aux blessés à l’hôpital régional et s’est également rendu sur les lieux de l’explosion pour constater les dégâts matériels.
YACOUBA DRAME