«N’Golé Missiri», une identité culturelle de la ville de Mopti
Malgré les nombreuses contraintes liées à la crise sécuritaire et les défis économiques du moment, la fête de crépissage de la grande mosquée de Mopti continue d’être célébrée en grande pompe par les mopticiens
Situé en plein cœur du quartier Komoguel I de Mopti, les habitants de la «Venise malienne» n’attendent que l’aurore du beau jour pour prendre d’assaut ce joyau architectural de la région. Du haut de ses 31 mètres de long sur 17 mètres de large, ce lieu saint et hautement symbolique très prisé par les touristes d’ailleurs est considéré pour nous d’ici comme un patrimoine culturel commun à protéger, à préserver et à valoriser au fil des années.
Une vieille tradition
Pour le plus souvent, habillées en haillons avec tout le corps recouvert de boue et avec des boîtes usées de tomates ou de vieilles tasses trouées sur la tête pour certains et d’autres assis à califourchon sur des dos d’animaux pour transporter du banco et des briques que tout le monde joue pleinement sa partition à ce travail d’équipe.
« Depuis 1933, l’initiative du crépissage appartient au chef du village et à l’imam. Généralement, se sont les maçons de Djenné qui viennent faire le crépissage. Quand les autorités coutumières tombent d’accordsur la date, ils mobilisent l’ensemble de la population pour assurer la main d’oeuvre», explique Djadje Samassekou, un notable de la ville.
Au service de la communauté
Ces travaux de crépissage qui sont d’ailleurs les seuls à faire fi des différentes menaces et restrictions sécuritaires dans la région, permettent aussi à l’édifice de tenir face aux intempéries de la saison des pluies.
Une fois avec de la pâte molle de banco bien pétrie avec du son de mil entre les mains, chacun sait instinctivement ce qui lui reste à faire. C’est pourquoi malgré la marée humaine qui défile, tous les moyens sont bons pour se frayer un chemin pour immortaliser ces instants de bonheur avec ces empreintes digitales sur une partie des murs.
Gaoussou Konipo, un jeune issu de la famille qui occupe les postes de muezzin de la mosquée, il explique sa participation aux travaux de crépissage. « Je ne peux pas compter le nombre de fois où j’ai eu l’opportunité de participer à la main d’oeuvre lors du crépissage de la grande mosquée de Mopti. C’est toujours un plaisir de participer à ce travail collectif».
C’est grâce au concours d’un pêle-mêle impressionnant de jeunes de toutes les catégories d’âge et l’expertise de plusieurs maçons et d’architectes amateurs que la grande mosquée de Mopti brille de mille feux avec une peau neuve après chaque crépissage annuel.
Après une longue journée de labeur et d’union sacrée autour de l’essentiel pour réaliser cet exploit collectif, les enfants du Suudu Baba de partout à travers le monde se donnent rendez-vous pour la prochaine édition de crépissage annuel sur des scènes de liesse de joie et d’applaudissements grandioses.
Sidi Y. KAMISSOKO