
Mopti : difficiles conditions de vie des personnes déplacées
Au centre du Mali, dans la région de Mopti, les conflits intercommunautaires ont fait déplacer plusieurs personnes vers les centres ville où elles aspirent à la sécurité et à la stabilité. Composées pour la plupart des femmes et d’enfants, elles vivent dans des conditions très difficiles.
L’élevage, la pêche et l’agriculture sont les activités phares des personnes déplacées, dans leur nouveau site, elles n’ont pas de champs à cultiver ni d’animaux à élever. Et, leurs enfants partent exercer des travaux journaliers comme la maçonnerie, la vente d’herbes pour les animaux pour subvenir à certains de leurs besoins. Telemou Somborga, un déplacé résident au site annexe du lycée Hamadoun Dicko à Mopti, explique que leurs conditions de vie sont très difficiles ces derniers temps, car, au moment de leur arrivée sur le site, ils bénéficiaient de dons de plusieurs denrées de première nécessité pour vivre.
L’apport des enfants
Pour leur assurer une autonomie financière et les permettre de subvenir à leurs besoins les plus élémentaires, certaines organisations les ont formés dans des activités génératrices de revenus, mais au fil du temps, l’aide diminue et le nombre de déplacés augmente d’où la nécessité d’envoyer leurs enfants travailler. « Auparavant, on recevait d’énormes quantités de vivre, mais ces jours-ci, les aides se font rares. Nous vivons principalement de ce que trouvent nos enfants lorsqu’ils partent travailler. Nos connaissances établies à l’extérieur du pays également nous envoient souvent de l’argent pour subvenir à nos besoins ».
La souffrance des femmes déplacées
Les personnes les plus touchées par la crise sont des femmes. Elles souffrent des sentiments d’isolement, voire de dégoût de la vie. Certaines d’entre elles essaient d’aller plus loin, c’est-à-dire développer des tendances suicidaires. Selon Alima Diarra, psychologue, ce qui peut atténuer ces effets est l’insertion socioprofessionnelle. Selon elle, s’il y a les moyens de les insérer sur le plan socioprofessionnel, les initier aux petits métiers et les octroyer des fonds pour des activités génératrices de revenus. Cela peut les aider à oublier leur dépression et vivre leur nouvelle vie.
Ces femmes ont bénéficié plusieurs formations sur des activités promotrices des revenues, notamment en savonnerie, en transformation agro-alimentaire et même sur l’élevage bovin. Mais, leurs situations économiques restent précaires. « En cette période d’hivernage, nos maris partent couper des bois pour les revendre, d’autres partent travailler dans les champs d’autrui pour que nous puissions avoir de quoi vivre. Nous les femmes, nous faisons aussi de la lessive en ville afin d’aider nos maris », témoigne Aminata Barry, déplacée, habitante du site officiel des déplacés à Socoura, Mopti.
À signaler que la majeure partie de ces déplacés souhaite retourner dans leur village d’origine, mais n’y arrivent pas à cause de la situation sécuritaire du pays. Selon la direction nationale du développement sociale, le Mali comptait 381 529 personnes déplacées internes en juillet 2023.
YOUSSOUF TRAORÉ